Stéphane
Emission Spéciale Sémaphore en chanson
Jeudi 12 novembre 2009
Stéphane
Toujours dans la série des chanteurs et chanteuses que vous ne verrez pas à Sémaphore en chanson, ni ailleurs, aujourd’hui je vais vous parler du guitariste Stéphane, André, Victor, Emmanuel, Gustave, Henri, Frédéric, Vincent, Quentin, Philippe et j’en passe Dupont-Durand, qui n’a jamais cru bon de mettre en avant (et on le comprend) tous ses prénoms ainsi que son nom doublement banal. C’est pourquoi nous l’appellerons ‘‘Stéphane’’ tout court. Enfin, Stéphane ! quoi…
Stéphane est né à Carentan… oui à Carentan dans le département de la manche, à la fin des années cinquante. Il apprend la guitare à sept ans, et bout de quelques années joue déjà la ‘‘valse à mille temps’’. Il se révèle assez bon guitariste, moyen à l’école, très mauvais au ping-pong. A ses débuts, cela va de soi, il fait la manche… du nord au sud, de Cherbourg au Mont-Saint-Michel. Cela ne fait aucun doute, il a guitare qui le démange et c’est réciproque. Par conséquent, de temps à autres, il lui astique le manche à l’aide d’une pommade prévue à cet effet.
Il joue dans des formations diverses, qu’il a ou non créé : « A cordes rabattues », « les rois de la douze cordes », ou encore « l’air du large », « Misère et Cordes ». Avec un ami guitariste, il monte un duo : « Milord et Salsimi ». Parallèlement il se met à la composition et sort un 45 tours : « 1ère manche », sans grand succès. Plutôt classique ou folk dans le style, il s’intéresse ensuite au Jazz manouche. Ses maîtres sont, comme tout le monde, Django Reinhardt, les frères Ferret moins connus et surtout, c’est en écoutant et en allant voir en concert Biréli Lagrène qu’il apprend, et je dirai même plus, qu’il en prend de la graine.
Outre l’aspect solo ou purement musical, Stéphane rêve d’accompagner les plus grands chanteurs. Les rencontres ou les hasards de la vie ne lui sont pas favorables. Malgré son talent certain, son éclectisme et son sens de l’humour, c’est peine perdue. Cela ne l’arrête pas pour autant et Stéphane se dit en lui-même « je m’en fous, je vais y arriver et je vais leur prouver ». Afin d’accompagner les plus grands à leur juste mesure, il prend une décision irréversible : n’accompagner que des chanteurs d’au moins 1 mètre 97. Autant dire que les prétendus à la hauteur ne se bousculent pas au portillon, à part un lointain cousin, ancien basketteur, reconverti dans la chanson, mais très mauvais. C’est un fiasco !
Coté vie sentimentale ou amoureuse, rien de bien exceptionnel. Stéphane a eu deux enfants. Le premier par hasard, à la fin d’un concert… Enfin neuf mois plus tard, avec une spectatrice complètement folle, oui, complètement folle de lui, qu’il refusa toujours d’épouser.
Quant au deuxième, il eut avec une violoncelliste virtuose, d’origine italienne, femme très belle par ailleurs. Estimant qu’il lui manque quelques cordes à son manche, il se dit qu’épouser une violoncelliste ne peut être que bénéfique pour sa carrière. Stéphane a déjà six cordes, quatre cordes de plus, c’est toujours ça de pris. Ensemble ils eurent un seul et unique enfant qui sera effectivement l’enfant de la dis-corde. Deux ans de mariage et il divorce. Panne de médiator… Commence alors pour Stéphane un long et douloureux périple. Il a quarante-trois ans, l’age de la mort de Django. Il décide de tout plaquer, quitte Carentan et, pour conjurer le sort, part s’installer à cordes, un joli petit Village du Tarn, où vit sa sœur qui fait pas dans la dentelles.
Le sachant mal psychologiquement, ses proches, amis ou fidèles spectateurs, afin de le soutenir moralement créent l’association « Stéphane et ses fans ». Mais rien n’y fait, Stéphane joue peu, déprime à petit feu. Par un matin d’hiver, tandis qu’au dehors le ciel azur resplendit, on le retrouve pendu, dans le grenier de sa maison, à sa corde de MI grave.
Pr Schmurtz